11-03-19 / Première page

Quand j’ai commencé à bloguer (il y a 7 ans), j’avais envie de collectionner quelque part les jolis souvenirs du quotidien et de les retranscrire comme dans un journal. Garder une trace de mon chemin de vie. Au fil des années, j’ai découvert de bons tuyaux et, comme on en parle à une amie, j’ai eu envie de vous les partager. Que ce soit des trucs de maternité, des astuces voyages, quelques bricolages ou encore des suggestions de jeux de société. Fini le journal « intime », place aux parutions plus étoffées et aux contenus plus cadrés. Je ne regrette pas, j’adore ce que je fais. Cela me permet de découvrir chaque mois de nouvelles choses et de vivre des expériences que je n’aurais jamais osé tenter. Cela a encore plus de sens quand certains d’entre vous me remercient de leur avoir fait découvert un bon plan, une activité ou un nouveau jeu. Moi qui aie tendance à oublier littéralement de respirer, c’est fou comme inspirer les autres est devenu source d’oxygène.

Le fil de ma pensée

Il y a quelques mois, un véritable ouragan a soufflé sur ma maison. Il a manqué de peu que le toit et tout ce qu’il abritait ne vole en éclat. Mais heureusement, les fondations semblent être plus solides que la force du vent. Néanmoins, la maison a subi de nombreux dégâts et c’est désormais avec peur que j’y vit, ne sachant pas si un jour, la catastrophe se reproduira.

Je me suis alors réfugiée dans l’écriture. Faute de pouvoir me débarrasser des maux, autant les transformer. C’est à coup de mots que je combats désormais. Griffonnés par ci, par là. Écris à la hâte sur une lettre, envoyés sans être relus, notés en abrégé dans un carnet rangé dans la table de nuit. Aujourd’hui, j’ai eu envie de leur donner une place. Peu importe les statistiques, le nombre de like ou même le nombre de personnes qui les lira. C’est pour moi que je le fais. Le blog, c’est à la base un journal de bord qui avait pour but de garder la trace de mes voyages et de mes péripéties. Sans honte, sans filtres, juste une étrange broderie faite des fils de ma pensée. Libre à vous de les parcourir, de vous en inspirer ou non. Sans que le reste du blog n’en soit changé, je reprendrais parfois la possession complète de ce petit blog en y vidant mon esprit.


Le moindre mal

Aujourd’hui, j’avais rendez-vous chez une psychologue pour une séance d’hypnothérapie. Parmi les décombres de l’ouragan, je dois signaler ma rechute au Malboro. Enfant de fumeurs, je m’étais promis que jamais je ne sentirais aussi mauvais que mes parents. Je n’avais pas besoin de ça, je ne risquerais pas des minutes de vie pour quelque chose qui pue autant. J’étais certaine d’être plus maline qu’eux. Et puis, ça coûte cher et ça fait tousser. Aucun risque qu’un jour, je devienne fumeuse à mon tour. Le secondaire, période à haut risques est passé sans encombre. Je m’étais épargnée, j’avais tenu ma promesse. Et puis, bêtement, sans véritable raison, j’ai essayé. J’avais 20 ans. C’est con, n’est-ce pas ? Je n’ai pas fumé longtemps (environs 4 ans). Engin social, boosteur d’énergie, calmant de nerfs… Je comprenais finalement pourquoi mes parents avaient cette vilaine addiction (que je partageais désormais).

Et puis, mon ventre a grossi et ma responsabilité aussi. Je n’étais plus seule à bord et je ne pouvais pas lui faire ça. J’ai donc arrêté de fumer. Dur dur, vraiment. Surtout quand on est comme moi, très rapidement accro aux habitudes (bonnes ou mauvaises). J’ai d’abord diminué petit à petit. Et quand il ne restait plus qu’une cigarette (la plus difficile à arrêter), j’ai décidé de me faire aider. Je suis alors allée voir une tabacologue. Confiante, motivée, j’étais convaincue que ça allait avoir un effet magique sur moi. Fontaine à eau, petite voix condescendante, des heures d’explications inutiles sur les dégâts du tabac pour finir par … « je pense que vous n’êtes pas capable d’arrêter complètement ». Il n’en fallait pas plus pour provoquer en moi une furieuse envie de redoubler d’efforts. Non mais qui est t-elle pour me dire que je ne suis pas capable d’y arriver ? Je suis donc sortie du rendez-vous avec une énorme envie de faire pipi (merci la fontaine à eau), mais surtout avec la décision de lui/me prouver qu’elle avait tord. Mon esprit doit être particulièrement contradictoire et rebelle, mais ça a marché.

Durant 7 ans, je n’avais pas eu envie ou besoin de fumer. Mes mains, mes cheveux, mon haleine et mes vêtements n’avaient plus le parfum goudron. Je respirais mieux, je redécouvrais certains goûts et je ne devais plus affronter la pluie ou la neige pour quelques taffes. Chaque année passée a été fêtée par un weekend de l’autre côté de la Manche. Une tradition qui me permettait d’être fière de l’issue de mes efforts. 7 ans… je ne risquais plus rien. Les gens pouvaient fumer autour de moi, ça n’avait plus aucun effet. Et puis…


La chute

Et puis, il y a eu le mois de mai. Des suspicions, des intimes convictions, des confrontations et puis la chute. Ce moment où tu as l’impression que le sol s’ouvre véritablement sous tes pieds. Rien ne te retient, tu sens ton cœur s’arrêter et tes jambes flancher. Tout s’écroule, ta vie, tes rêves, tes sentiments… Tu ressens l’impact, ton corps est en état de choc mais ta tête fait un blocage (beaucoup trop gros pour y croire). Sentir au creux de mon ventre cette étrange conviction était une chose, en avoir la preuve était très différent. Il m’a trompé. Mon meilleur ami, le père de mes enfants, mon alter ego, la personne que j’aimais le plus au monde. Il n’y a plus de doutes, juste un plaie béante. Quand tout vole en éclat, l’humain cherche un mal qui pourrait lui faire du bien. J’avais l’impression de couler, j’ai eu besoin d’une bouée. J’ai alors couru dans la cuisine, pris le paquet de cigarettes de ma maman qui traînait et renoué avec ma vilaine addiction. 7 années de fierté ont prit fin, mais en vue de ce que je vivais, c’était le moindre de mes maux.

Les mois ont passés, je risque d’ailleurs de vous en reparler souvent. Le monde a continué à tourner, le boulot, les enfants, le blog… tout, sauf moi. Il a fallu faire face, poursuivre et serrer les dents. On dit que seul le temps peut réparer ce type de blessure, on s’approche doucement du première anniversaire et comme dirait Kyo, je saigne encore. C’est plus aussi vif, j’ai appris à cohabiter avec les démons mais la cicatrice fait toujours aussi mal. Elle se réveille en traître quand je n’y pense plus, comme une sorte d’alarme avec effet snooze. Mais ça, je t’en reparlerai.

L’infidélité, c’est quelque chose dont on ne parle pas. Ca doit rester caché, secret et enfermé honteusement dans les mots qu’on ne dit pas. Très peu pour moi. Je ne suis pas comme ça. Ma vie n’est pas pinteresté. Et si je vous partage tant de jolies choses sur le blog, je me dois aussi d’être honnête sur les côtés plus sombres de ma vie. Cela mettra certainement nombreux d’entre vous mal à l’aise. Il ne faut pas. Un chemin est aussi fait de chutes. Rassurez vous, je n’ai jamais aimé les articles faits de plaintes et de larmes. Ce dont j’ai surtout envie de vous parler c’est de mon désire de m’en relever.


Se relever

Je ne serai plus jamais la même. Je le ressens tous les jours. Mes photos sont moins lumineuses, mes rires moins éclatants, mes yeux plus tristes, ma confiance effacée, mes nuits moins paisibles et surtout mon amour propre totalement dévasté. Alors plutôt que de tourner en boucle, tel un poisson dans le bocal de mon cerveau, j’ai décidé de coucher les mots sur le papier (ou plutôt sur mon clavier). Je veux, et je vais m’en sortir, plus forte, plus vraie, plus courageuse. Et ça commence aujourd’hui avec ce post.

Merci à toi qui a lu jusqu’au bout cette première page. D’autres suivront. Je t’y parlerai de mes projets, de mes envies, de mes failles aussi. Ne prends pas ça pour un manque de pudeur. Personne n’a une vie parfaite, mais tous souffrent de croire que celles des autres l’est. Je te laisse pour aujourd’hui, mon fil de pensée à déjà été bien tricoté et j’ai trois Pixels affamés qui réclament leur dû.


Crédit photo : l’incroyable Elodie Deceuninck


5 thoughts on “11-03-19 / Première page

  • Reply Tiffany 11 mars 2019 at 21 h 04 min

    Wouaw ! Juste wouaw, il en faut du cran pour se dévoiler comme ça!
    J espère que l écriture sera ta meilleure thérapie :)

  • Reply Fanny 12 mars 2019 at 13 h 57 min

    Cela a dû te demander énormément de courage de raconter tout cela. j’ai été très émue à ta lecture, j’ai connu la perte de confiance en soi et d’amour-propre dans un autre cadre. C’est quelque chose d’hyper difficile à reconstruire, il faut y travailler chaque jour.

    Ta démarche de parler de l’envers du décors et totalement honorable et je t’envoie plein de pensées pour traverser cette épreuve douloureuse et je te souhaite de retrouver, si ce n’est de l’insouciance, un peu de légèreté, un jour.

  • Reply Fabi 12 mars 2019 at 18 h 48 min

    Comme tu le décris si bien , les mots justes .
    C est vrai … on se sera plus jamais les même, juste une meilleure version mais ça je laisse le temps te le faire découvrir ?

  • Reply Cid 23 mars 2019 at 0 h 07 min

    C est à quelques détails près ce que je ressens. Après 12ans, 3 enfants, 1nouvelle maison, des etudes pour bosser avec lui afin de consacrer plus de temps à la famille…il n avait plus de papillons (et evidemment qqun de caché)…et me voilà seule avec mes trésors. Je plonge dans le regard de mon nouveau né et je n y trouve pas plus de réponse qu ailleurs…pourquoi? Comment? Peut on faire ça à sa famille? La suite est de plus en plus horrible et le puit a l air sans fond. On se rend compte que l on a que des devoirs alors que celui qui part n a que des droits. J ai imaginé cette situation quand des amies la vivaient…je trouvais ca atroce et invivable…mais j étais encore à 1000lieux des sentiments qui te submergent réellement.

    • Reply Billie 24 mars 2019 at 21 h 46 min

      Je suis vraiment désolée de lire ce que tu vie. Je sais à quel point le sol s’ouvre sous nos pieds quand on découvre que celui qu’on aime nous a trahi et nous ment. Comme toi je me suis posée mille questions, comment tout ça est il possible ? Comment a-t-il pu nous faire ça ? Dans mon malheur j’ai eu la « chance » qu’il regrette et décide de se battre pour sa famille. 10 mois plus tard je n’ai aucune certitude, aucune confiance en notre avenir mais je peux avoir des réponses et quelqu’un qui affronte ses erreurs. Je te souhaite de tout coeur qu’il puisse t’apporter les explications dont tu as besoin et que tu puisses te reconstruire (aussi sereinement que possible). On pense toujours que ça ne peut pas nous arriver, qu’on est plus forts que ça… mais personne n’est à l’abri d’une tempête. Je t’envoi plein de courage <3

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