25-03-19 / Indulgence

Ces dernières semaines ont été particulières. Entre rythme intense et phases d’épuisement, on a parfois l’impression d’imposer à nos corps le yoyo d’une montagne russe. Ceux qui nous connaissent diront que c’est une habitude chez nous, qu’on a besoin de vivre à 100 à l’heure et de toujours avoir un projet sur le feu. Ce n’est pas faux. Déjà petite, j’avais besoin de créer, d’organiser et de planifier tout un tas de choses pour me sentir exister. Et ce sentiment a encore pris de la vitesse avec le chéri. Nous partageons un poison commun qui est la peur de gaspiller son temps. En tant qu’indépendants, c’est à la fois une qualité mais aussi une balle dans le pieds. Et même si, pendant des années, cela nous a permis de nous dépasser et de faire mille choses en même temps, aujourd’hui, le cheval ne suit plus et les coups de cravache n’y changeront rien.

Ce n’est pas un secret, le mal du siècle, c’est l’épuisement (mental et physique). La société nous pousse à en vouloir toujours plus, à nous comparer et à optimiser notre temps et nos choix. Et ce manque de relâchement est épuisant. L’épuisement se fait parfois brutal, avec une coupure nette ou plus progressif et insidieux, comme un feu qui s’éteint. On sent alors nos réserves se creuser, la créativité dont on débordait commencer à manquer, notre patience devenir volcanique et notre motivation diminuer. Voila comment je décrirais les derniers mois. Bien sûr, l’idéal serait de tout mettre en pause, de prendre du temps à ne rien faire, de remplir ses batteries et de s’inspirer plutôt que de créer.

Quand avant, je passais mon temps à courir le long de ma to do liste (sans avoir l’impression d’aller assez vite), aujourd’hui je fais de mon mieux. Travailler à la maison est loin de ressembler à des vacances. Bien sûr, il y a de nombreux avantages (on peut bosser en pyjama, on peut organiser son temps comme on veut, pas de collègues bruyants, pas de route à faire…). Mais tout cela a une contre partie. Vous devrez vous discipliner (car personne ne sera là pour vous recadrer), apprendre à faire la part des choses (entre le privé et le professionnel), notamment au niveau des heures de travail. Vous ferez mille choses en même temps (vaisselle, rangement, boulot, etc)… Et pour ma part, le plus difficile est la culpabilité que je suis capable de m’infliger. N’ayant pas d’horaire fixes, je travaille « tout le temps ». Ma journée commence à 7h30 au réveil des enfants et se termine sur mon clavier vers 1h du matin et ce, tous les jours de la semaine.

La moindre sieste, le moindre moment de la journée qui soit « perdu » pour quelque chose d’inutile me provoque un sentiment de culpabilité. Et pourtant, je sais que mes 8 heures par jour sont largement réalisées, mais comme je n’ai pas de limite, ni de structure horaire, j’ai l’impression d’être toujours au travail. Peu importe si mon travail est toujours fait à temps (et ceux qui nous connaissent savoir que c’est toujours plus tôt que prévu), je dois rentabiliser et optimiser chaque minute. Et ce virus, le chéri en est atteint tout autant que moi.

Ce rouleau compresseur que l’on s’impose chaque jour est bien plus nocif qu’efficace. On a mené de front beaucoup de projets en même temps (une grande maison pleine de travaux, des saisons de mariages chargées, des agendas qui débordent etc), mais au final le plus fatiguant est la charge mentale qu’on s’imposait.

Cette dernière année et les difficultés qu’on a traversées ont été révélatrices de tout ça. Même si au final, rien n’a changé (toujours et plus de boulot, toujours des travaux et la pression financière et toujours trois enfants), tout est différent. Désormais, on est plus indulgents envers nous même. On a décidé de ménager un peu plus notre monture (corps et esprit) pour aller moins vite mais plus loin. Ce n’est pas évident tous les jours, car les habitudes ont la dent dure. Mais accepter nos limites (et les écouter) et faire preuve de douceur par rapport à notre jugement est la meilleure chose qu’on puisse faire. Ralentir, relâcher la pression, ne pas s’imposer de jugements ou de comparaisons et se ressourcer. Voila l’état d’esprit du moment.

2 thoughts on “25-03-19 / Indulgence

  • Reply Bérangère 26 mars 2019 at 12 h 58 min

    Merci pour ce post. Je me reconnais bien dans les avantages et inconvénient de « travailler chez soi » !
    Oui, il faut accepter que « faire des choses non productive », et « ne rien faire » c’est aussi « vivre »… et que c’est bon, aussi !
    Bon « rééquilibrage « à toi ;)

  • Reply Aléna 27 mars 2019 at 11 h 39 min

    Merci pour ce partage et ton franc-parler. Tes mots font échos et ça fait du bien de sentir qu’on est pas seul avec son ressenti et qu’il a le droit d’être dit et partagé. Finalement l’essentiel est peut-être ailleurs.
    Et puis comme tu le dis si bien, être un peu moins dur avec soi même, c’est certainement déjà un premier pas pour être moins sous pression. J’essaie de m’y mettre ! ;-)

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