Oh, mais tiens, elle vit toujours ? Et bien oui, je suis toujours là ! Ce n’est vraiment pas dans mes habitudes de laisser aussi longtemps mon blog de côté. Il faut dire que ça fait maintenant 6 ans que je poste plutôt régulièrement par ici. C’est devenu plus qu’une habitude, c’est mon espace à moi. J’y ai noté précieusement toutes les choses importantes, les jolis moments, les souvenirs de voyages et les grandes étapes de ma vie. C’est un peu devenu un journal de bord. Enfin c’était. Je dois avouer que ces derniers temps, j’ai l’impression d’être totalement absorbée par le quotidien et les listes à rallonges de choses à faire. Du coup, je ne prends pas vraiment conscience du moment et j’ai un peu la sensation d’être engloutie. Si vous suivez le blog depuis un petit temps, vous reconnaissez sans doute ce type d’article qui n’a pas vraiment de structure et qui se lit comme une confidence. Un peu à l’image de la pensine d’Harry Potter, je me décharge de toutes mes pensées (enfin d’une grande partie) histoire d’avoir les idées plus claires et un peu plus d’espace dans ma tête.
Cette dernière année a été vraiment compliquée et a donnée place à une tonne de questionnement. J’ai un peu perdu le sens, voire même l’essence de ce qui me rend heureuse. Je sais que « tout va bien » et que je devrais être ravie de tout ce que la vie m’a déjà apportée… Et pourtant, je suis là, à presque 32 ans (outch) avec trois enfants, une grande maison toujours en travaux, un job d’indépendant, deux chiens à la santé fragile et un blog à me demander « est ce que je suis vraiment heureuse ? ». Cette question je me la pose depuis un an, quand tout autour de moi s’est écroulé. Un gros coup de canif dans notre histoire et des blessures qui prennent beaucoup de temps à cicatriser (avec un vide au creux du ventre). Depuis je doute. Tout le temps. De tout.
Je doute de moi, de mon travail, de mes choix, de mon avenir. Je me blesse à me comparer aux autres et à manquer parfois de recul. Je me frustre de ne pas arriver assez vite et assez loin aux objectifs que je me fixe. Et tout ça m’use et gaspille beaucoup d’énergie. Mais ce n’est pas une fatalité. Je combats les idées noires et me force à avancer, je sais qu’un jour ou l’autre, ça finira par passer.
Néanmoins, je me questionne vraiment sur ce que j’ai envie de faire de ma vie. On n’en a qu’une, et la vision qu’on peut avoir en ayant 18 ans n’est forcément plus la même à 30. Il y a la fatigue, les enfants, les responsabilités et l’envers du décors. Avoir sa maison à soi, c’était dans mes priorités de vie. Maintenant, je ressens ces racines comme des chaînes et la sécurité est devenue une pression financière. Alors on pense à partir, vivre en mode nomade. Acheter un van ou une caravane et découvrir le monde. Mais est ce qu’on peut encore rêver à cette liberté quand on est parents de trois enfants en bas âges ? Est ce qu’on ne serait pas plus heureux ailleurs et avec beaucoup moins ? Est ce qu’on n’offrirait pas une meilleure vie à nos enfants si on leur montrait les paysages en vrai et non à travers des livres ? Cette vie nomade nous fait de plus en plus rêver mais malgré les mille choses qui nous pèsent, on n’est pas encore prêts à arracher nos racines.
Et puis le boulot. J’ai le malheur de penser « qu’on est ce qu’on fait ». C’est une sacrée responsabilité au final que je m’impose. Une obligation constante de résultat et une insatisfaction proportionnelle à l’augmentation de travail. J’ai l’impression de vider un peu le puits et d’avoir puiser beaucoup trop dans ma créativité pour finalement être en pilote automatique. Je n’ose plus tenter de peur de rater, parce que j’ai l’impression que je ne pourrai pas me le pardonner. Un peu comme si j’étais au milieu d’un escalier. Je suis pour l’instant trop fatiguée pour monter d’avantage mais les efforts pour en arriver là m’empêchent tout autant de redescendre. Alors je suis là, au milieu. Plus là où j’étais et pas là où je veux aller. Il n’y a rien de mal là dedans vous me direz. Mais pour moi, c’est pas facile à accepter.
Oui, mais bouge toi alors ! Oui, c’est exactement ce que je me serai dis il y a encore un an de ça. « T’es pas un arbre, si tu n’aimes pas quelque chose, change le ». Sauf que en vieillissant grandissant, j’ai mieux compris le sens de l’expression « prendre de la bouteille ». Quand on est enfant, on est encore un petit flacon. On se remplit facilement d’émotions, de créativité, d’énergie. Evidemment, cela implique aussi qu’on se vide tout aussi vite. Plus on grandit, plus le contenant prend de l’ampleur. Il y a, en plus de ce qui nous constitue, tout ce qui nous empoisonne et qui nous vide. La fatigue du travail, les stress financiers, les frustrations du quotidien, etc. On se vide beaucoup plus vite qu’on ne se remplit. Et même si les réserves sont plus importantes, elles finissent toujours par s’épuiser elles aussi.
Alors, avec l’arrivée de la trentaine (des jumeaux et d’une crise de couple) j’ai pris de la bouteille. J’ai vécu comme un soldat pendant des mois, parce qu' »il fallait » et que je « ne pouvais pas faire autrement ». J’ai bosser comme une dingue alors que je sentais qu’à l’intérieur tout se déchirait. J’ai subi ma vie d’indépendant, mes choix et ma vie de famille. Et pourtant c’est tout ce que je voulais. Mais à 30 ans, on réfléchit autrement.
Alors j’en suis là. Fatiguée, vidée, au milieu de l’escalier. Je ne t’écris pas tout ça pour que tu me plaignes, parce que sérieusement, je suis très loin d’être à plaindre. Mais contrairement à Instagram où tout est beau et tout est faux, j’ai l’envie de croire que les blogs restent un moyen authentique de partage. Alors peut-être que toi qui lis ces lignes, tu passes aussi par une phase compliquée où tu aimerais avoir un GPS pour t’indiquer la route. Et que peut-être cela t’aidera de sentir que tu n’es pas seul(e) et que tout va bien se passer.
Alors, on met en place de petits changements, chaque jour. On essaye de prendre du temps sans boulot, sans pression, sans pc. On tente de se dessiner un futur qui nous fait rêver et on esquisse des plans pour y arriver. On se déculpabilise de crier sur les enfants parce qu’ils nous mettent à bout, de ne pas avoir une maison pinteresté ou un instagram de folie et on met un peu de douceur dans ses mots. Je ne sais pas encore exactement « il est où le bonheur ? » mais je peux t’assurer que je suis décidée à le trouver.
photo : https://www.elodiedeceuninck.com/
❤️
Je pense que c’est la troisième fois que je relis ton article. Il me rends triste pour toi dont je lis le blog et je ressens la tritesse. Il fait écho en moi. Les raisons, l’histoire sont différentes, mais le ressenti similaire. Je ne me demande pas si je suis heureuse car je sais que non et cela m’enrage car justement tout va bien, j’ai la santé, l’amour, la tranquilité financière et cerise sur le gâteau, j’ai réalisé mon rêve. Mais je ne sais pas où je vais, je ne sais plus ce que je veux et cela me rend triste. J’ai 37 ans et j’entends la même tristesse chez mes amies.